jeudi 31 août 2017

Le blog qui n'est pas une blague

Vous êtes cernés d’experts improvisés qui vous assènent leurs vérités à longueur de repas ? Repas chaque fois plus compliqués et ennuyeux tant il aura fallu composer avec les sentences de chacun ? Il est grand temps de s’offrir une cure de détoxe, une vraie.
Moralisateurs d’occasion, gurus des régimes astreignants, orthorexistes du jour s’abstenir ! En route pour le pays du Martini et du Nutella !
Rien de tel pour commencer notre pèlerinage qu’une station d’autoroute. Cette enseigne que vous fuyez avec raison hors Italie fera l’affaire pour un repas de midi. C’est plein comme une calebasse: on se faufile entre la petite secrétaire de direction Gucci et le camionneur qui pue la sueur. Un buffet appétissant pourtant pas original: il faut faire simple ici, d’ailleurs on ne trouve rien de compliqué dans la cuisine italienne. Une assiette, disons... correcte, de crudités et mozza (les condiments passent joyeusement de table en table), un spaghetti al pomodoro délicieux (on se rappelle soudain que la cuisson «al dente» n’est pas une caricature).
Al dente, no?
Quelques courses pour ce soir? On fonce dans une enseigne locale (tout est toujours très local ici et même régional en ce qui concerne les supermarchés: Conad, Coop, Esselunga, sans compter les marques internationales et les dizaines de petits labels Bas Prix qui font le succès dans un des pays le plus touchés par la crise). Denrées visiblement industrielles mais attirantes. Il fait une chaleur d’étuve et on se rappellera l’importance des salaisons et ce réflexe d’encore trop saler, que les vins ici sont des vins de soif plutôt que de cérémonie. On se souviendra aussi de la situation sanitaire déplorable au lendemain de la guerre: l’arrivée de produits pasteurisés a été vécu ici comme une bénédiction, et on s’y connaît en cette matière.

Si, dans les allées de supermarché génois, frioulan ou palermitain certaines combinaisons de saveurs, certaines associations de comestibles à la limite de l’exotisme, certains goûts déroutants ont de quoi surprendre, on se réjouit à chaque vacance de saisir un peu plus de l’esprit de cette cuisine qui envahit le monde.
Reconnaisables entre tous, certains produits industriels sont inscrits dans le patrimoine gustatif national.

Les industriels de tous bords ont bien compris les habitudes bien ancrées des consommateurs italiens et se plient aux exigences de ce marché aux apparences lunatiques, aux réflexes burlesques et aux exigences pointues. Les devantures Dürüm ont poussé comme des girolles. Et l’uniformisation des goûts a tout envahi comme un tsunami: Stabrucks, Délifrance ou Pizza Hut (tiens! ça semble un peu mangeable ici). Ils sont loin les résistants romains barricadés devant le premier Mc Do transalpin en 1985...

L’Italie a plus d’une fois exporté de ses inventions qui sont très vite devenues spécialités mondiales: lasagnes, tiramisu, spritz, roquette, panna cotta...
Surprenantes les saveurs de certaines boissons de grandes marques, l’amer domine souvent les autres valeurs... Et la bière sur-houblonnée est fort appréciée: on brasse à tout va. Et comme chez nous, le résultat est rarement formidable. Si le sucre et l’alcool ne figurent pas sur la pyramide, ils sont néanmoins de première nécessité pour le Plaisir, et tant pis pour tous nos casse-pieds prêcheurs de cure...

Il semble bien difficile de mal manger en Italie. Pour 2 raisons: la qualité des produits même industriels et la simplicité d’exécution des cuisines italiennes. Au pays des appellations (quasi chaque village revendique son jambon IGP, sa race d’huître DOP, son type d’épeautre STG...)
On rentre chez nous, le coffre bondé de Lemonsoda, vino Corvo, Estate, Salsa Tonné Agnesi ... tous ces produits qui  nous plaisent tant au sud des Alpes et qui perdront leurs saveurs une fois déballés chez nous. Mystère? Ceci fera l’objet de notre prochaine aventure italienne.
Pizzeria à Orbetelo: champion du bon goût les italiens? Passons en revue leurs garnitures: là des wurtzel, ici avec des patatine (frites) et là bas de la crauti (choucroute)!