jeudi 30 octobre 2025

Pas de titre, c'est trop long et puis les gens n'ont plus le temps.

La galère qu’est devenue la recherche d’une bonne table loin de ses repères: une file à l’entrée, une salle pleine à craquer, une mer de camions sur le parking, des tuyaux de première main d’un taximan ou d’un maraîcher… autant de signes qui ont été longtemps la promesse d’agapes de qualité, de réjouissances de bonne tablée, mais ça, c’était au temps jadis, quand le pittoresque et la becquetance étaient encore étroitement enlacés, comme des fiancés. Aujourd’hui à coup sûr, ces perspectives ne sont plus que l’assurance de qualité rabotée et prix bas, de quantités disproportionnées. Je m’étais un jour risqué de questionner un restaurateur sur le pourquoi de ses portions gigantesques. Avec des yeux ébahis, il me lance « Sinon, les gens vont ailleurs ». Et moi d’imaginer la taille des poubelles.


A grands coups de néons, l’enseigne au milieu d’un zoning industriel anonyme en banlieue. Parking illimité et accès aisés aux monstres de la route, on se gare quand même au plus près de l’entrée.

La mal bouffe, c’est surtout des habitudes qui s’installent, des attitudes irresponsables, des insolences devenues monnaie courante, de surenchères du genre 1+1 gratuit, des pratiques douteuses comme ces sites Tripadvisor ou Booking qui se conduisent comme des passeurs/rançonneurs, distribuant des récompenses ou des mauvais points.

Des loufiats sous-payés vont et viennent avec les inspirations du chef.

L’Italie a beau être un paradis pour les amateurs de plaisirs culinaires, les malfaçons de consommer autant que les usages affligeants n’ont plus de frontières et les recoins les plus éloignés sont touchés par ce fléau. Portions énormes, déchets honteux, platées avalées sans émotions, irrespect du personnel, clientèle désillusionnée, masticateurs sonores les yeux mi-clos rivés sur des écrans de hasard, goinfreurs bodybuildés arrivés en véhicules survitaminés.

Les aléas et vicissitudes du Tout à Volonté et sa galerie de tableaux tristes: pizzas molles, olives blasées, jambon flasque, garnitures désespérées, fumets au bord de la crise de spleen, vins tièdes et sodas au format familial. Le décor est à l'avenant: les inévitables rues de Brooklyn avec ses taxis jaunes, les statuettes Stanlio e Ollio, le square londonien et son bus rouge, les indispensables ouvriers cassant la graine sur une poutre à 100 mètres au dessus de Manhattan, tout ça fait figure d’objets décatis à côtés des innombrables écrans (géants bien sûr) qui diffusent du mièvre qui ne coupe l’appétit à personne.

Si j'ai tant chanté ces étés toscans,
si je me suis tant vautré dans ce régal au pays du Slowfood,
www.slowfood.com/fr/
éviter les portes de l’enfer est devenu très difficile, 
comme un signe de fin de vacances définitives.


Arrivederci quand même.

mercredi 20 août 2025

 


Le 4 mars 2010 - Encore un blog avec plein de recettes et trucs sur la cuisine italienne dans le genre carnet de voyage?

- OUI OUI, mais celui-ci...

Pour nous autres latins, il n’est désormais plus pénible de parcourir le monde (je sous-entends anglo-saxon) avec l’angoisse de Damoclès: les bonnes grâces de la cuisine méditerranéenne et particulièrement italienne se trouvent partout. De Londres à Oslo en passant par Durban, les bons produits et habitudes péninsulaires ne sont plus chose rare.
Pas toujours réussie, souvent mal adaptée, parfois envahissante (illusoire d’échapper désormais au pays de la gastronomie avec un grand F à la mozzarella, tomate séchée ou vinaigre balsamique mis, si j’ose dire, à toutes les sauces).
Parce qu’il n’y a qu’elle qui a su inscrire la joie simple dans son essence même, parce qu’il ne sera de cuisine universelle populaire qu’italienne, parce que ses fondations et ses principes humbles sont encore à jour pour qui sait voyager par les yeux autant que par son ventre, ce modeste blog à tendance de délice vous livrera régulièrement pensées et réflexions sur ce sujet délicat. Comment en sommes-nous arrivés là? Comment, de la simple prière de suffisance pour le pain quotidien il y a quoi? ... 20-30 ans, on est passé à la lecture soupçonneuse de la moindre étiquette et à la chasse aux calories ou pesticides cachés au coin du bois sombre de la mal-bouffe?

Un jour au marché de Poggibonsi:

Achats pour le pic-nic sur le marché: du peccorino conservé dans de la paille, du saucisson au fenouil et des sardines au sel (bravo l’idée: comment on fait pour les déssaler?). Pour le dessert? On trouvera bien un figuier...
Vendeurs de pêches: pas envie de marchander.

Dialogue nord-sud. A propos de denrées, je crois.

Allez hop, une petite course à Sienne. Il n’y a pas de son mais le pire c’est qu’il n’y a pas d’odeur...
J’ai essayé de les dessiner, c’est bête, hein?



Mais où mettent ils tout ça? A l’Autogrill de Parme, la quarantaine, sportif, bon ton, classe, s’est assis en face de nous. Il est resté une vingtaine de minutes et quand il est parti, il ne restait plus RIEN sur son plateau.

Bientôt sur cet écran:
Le pain, tiens!